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Semaine d’actions contre le racisme

18 mars 2025 – Ma vie de vestiaire dans le monde du foot et le racisme – un témoignage de Gabriel Mühlebach

Je suis Suisse, blanc, et je n’ai pas été victime de racisme à proprement parler. Cependant, j’ai eu le privilège de jouer dans des clubs multiethniques, ce qui m’a amené à faire quelques observations. Dans une équipe, nous sommes tous copains, et pourtant… J’ai assisté à plusieurs scènes de racisme que l’on qualifie de « racisme ordinaire ».
En préambule, j’aimerais préciser qu’il ne s’agit pas ici d’échelonner les formes de racisme en sous-entendant qu’il y en aurait de plus ou moins graves. Le racisme reste du racisme, point. La pire scène à laquelle j’ai assisté a eu lieu lorsqu’une équipe adverse a accueilli un joueur avant le match par un « Voilà Blanche-Neige ! », sous les rires gênés — et parfois sincères — de certains coéquipiers.
Cela étant dit, il existe aussi des phrases ou des allusions plus anodines en apparence, mais qui, à force de répétition depuis l’enfance, finissent par user. Dans le football, on fait souvent allusion à la difficulté de se réveiller pour le match du dimanche matin, qui serait propre aux joueurs noirs, ou encore on plaisante sur leur vitesse lorsqu’ils nous dépassent. Jamais une remarque de ce type n’est faite à un joueur blanc.
Quand on est noir dans une équipe de foot — et dans la vie en général, j’imagine —, on est sans cesse redéfini par sa couleur de peau et les préjugés qui y sont attachés. Personne ne se considérait comme raciste dans les équipes où j’ai joué, et nous étions tous sincèrement copains et respectueux de nos coéquipiers noirs. Pourtant, certains ont quand même fauté en lançant ce genre de « blagues », qui, à force d’être répétées, finissent par peser.
Finalement, votre « coéquipier-ami noir » ne vous absout pas de toute intention raciste simplement parce qu’il est votre « coéquipier-ami noir ». Je vous invite donc à être à la hauteur de votre relation et à l’épargner de votre contribution aux petites gouttes de racisme auxquelles il doit déjà faire face dans la société.

Gabriel Mühlebach